Focus Habitat février 2011
Combien de personnes (hors gens du voyage) vivent-elles dans des véhicules ou des cabanes ? 85 000 comme l’affirme la Fondation Abbé Pierre en se basant sur de vieux chiffres de l’INSEE datant de 2006 ou 2 Millions comme l’avait estimé, fin 2009 Halem en ajoutant les voyageurs et les partisans de l’habitat choisi ?
Combien de gens du voyage n’ont pas accès à des places en aire d’accueil ? 86 000 comme l’écrit la fondation, en se basant sur les données du ministère de l’Intérieur, ou beaucoup, beaucoup, beaucoup plus comme le pensent les associations tsiganes qui cherchent sans les trouver de nombreuses aires fantômes.
Des données officielles anciennes et non exhaustives
Ces écarts d’estimations ne doivent sans doute pas être transformés en bataille de chiffres. Elles témoignent des extrêmes difficultés qu’éprouvent les acteurs du logement pour obtenir des données fiables. Les chercheurs de la FAP ne cachent pas que leurs chiffres sont plutôt bas. Mais soucieux d’être entendus, ils se basent sur ceux, parfois anciens ou peu significatifs fournis par des organismes officiels. Ainsi par exemple pour calculer le nombre de places manquantes sur les aires d’accueil ils doivent effectuer des calculs à partir des besoins affichés lors de l’élaboration des schémas départementaux d’accueil au début des années 2000 et les comparer avec le nombre d’aires d’accueil réalisées ou en cours de réalisation inscrites sur des lignes budgétaires. De nombreuses années peuvent s’écouler entre l’adoption du projet par un conseil municipal et l’ouverture effective d’un terrain. Mais aucun décompte ne différencie les aires d’accueil virtuelles des aires d’accueil réelles.Ceux qui pratiquent le voyage savent qu’il ne suffit pas de dire qu’une place existe pour qu’elle soit utilisable. Pas plus tard que la semaine dernière dans le Var des voyageurs ont du négocier un stationnement en catastrophe car le terrain officiel était inutilisable. (cf Flash infos tsiganes du 1/02/20011 : Stationnement par défaut)
Evaluation des besoins discutables
Très différentes d’un département à l’autre, les méthodes d’estimation des besoins de la première génération des schémas prêtent largement à débat. Celles des révisions en cours suscitent de nombreuses inquiétudes. Par exemple en Meurthe et Moselle, l’association amitiés tsiganes s’inquiète de la disparation de 40 places dans l’estimation des besoins de la seule communauté urbaine de Nancy alors que les familles elles n’ont pas disparues. Ceux qui pratiquent le voyage savent qu’il ne suffit pas de dire qu’une place existe pour qu’elle soit utilisable. Depuis la publication fin 2009 par un cabinet indépendant d’une liste des aires d’accueil théoriquement opérationnelles (cf www.angvc.org), aucune actualisation n’a pu être effectuée faute de moyens. Les différentes études commandées ces dernières années par les ministères sont des analyses qualitatives ou des évaluations générales comme le récent rapport du préfet Laporte publié sur le blog des Dépêches tsiganes.
En ce qui concerne les habitants permanents de caravanes ou de cabanes (hors gens du voyage), le flou est encore plus grand et les estimations fiables impossibles. Ceux qui vivent faute de mieux en camping car ou cachent leurs abris de fortunes derrière les bois, ont souvent des emplois précaires a faibles revenus, ne tiennent pas à être catalogués comme marginaux. De leurs côtés les adeptes de l’habitat choisi avec des confortables caravanes ou des constructions légères de bonne qualité environnementale ne peuvent être comptabilisés parmi les mal logés.
Combien sont-ils ?
La fondation Abbé Pierre apporte les chiffres minimums car pour être entendue elle ne doit pas lancer d’aléatoires discours fondés sur des impressions ou des constats parcellaires. Mais, les chiffres réels du mal logement sont certainement plus importants. Le constat alarmant brossé le 1er février doit sans doute être considéré comme étant particulièrement nuancé et optimiste.
Olivier Berthelin
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