dimanche 27 février 2011

Humeurs Municipales



Cet article réalisé par un journaliste de l’équipe des Dépêches tsiganes dans le cadre d’une enquête sur l’instrumentalisation du thème des Gens du voyage dans la politique locale et d’un dossier Médias et Gens du voyage a été publié le 22 février dernier par la Gazette des Communes.


   
ROMS ET GENS DU VOYAGE

Gens du voyage : deux bulletins municipaux publient des textes ouvertement racistes

Par O. Berthelin
Publié le 22/02/2011
Mis à jour le 23/02/2011
La publication dans le bulletin municipal de Moigny (Essonne) de propos agressifs à l’égard des gens du voyage relance la polémique sur l’amalgame entre délinquance mode de vie et appartenance à une communauté. Un autre bulletin municipal dans les Yvelines et la communication des services de gendarmerie dans le Bas-Rhin, suscitent à leur tour la réactions des associations du secteur.
Un article publié en janvier 2010 dans le bulletin municipal de Moigny-sur-Ecole (Essonne) a déclenché polémique et dépôts de plaintes pour diffamation et discrimination soutenu par une demi-douzaine d’associations :
  • ADGVE
  • Union Française des Associations Tsiganes,
  • Le Droit de Vivre,
  • FNASAT,
  • Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples – Essonne,
  • LDH – Évry
La commune a effet publié des photos de plaques minéralogiques et un texte accusant les gens du voyage de multiples nuisances et de délits variés. L’article se conclut sur la préconisation de renforcer le statut spécial des Gens du voyage en rattachant cette population à une unique collectivité.
Au même moment, alors que les députés engageaient des débats sur le statut des Gens du voyage, que Philippe Richert, ministre chargé des Collectivités territoriales compte mener à bien d’ici à la fin de l’année, le bulletin de Moigny résonne au-delà du cadre local.
Les associations dénoncent des accusations sans preuves. Elles précisent que les Gens du voyage sont soumis aux mêmes règles d’accès aux droits sociaux et aux mêmes régimes fiscaux que l’ensemble des administrés tout en connaissant des obligations supplémentaires liées à la loi du 3 janvier 1969 sur les titres de circulation.
Loin d’être liées à un incident isolé, ces polémiques rebondissent dans d’autres communes.
Un autre bulletin municipal dans le collimateur des associations
Rémi Lucet, maire de Thiverval-Grignon (Yvelines) a lui aussi publié dans son bulletin municipal un billet d’humeur où il déplore en termes particulièrement violents de ne pas avoir réussi à s’opposer par des moyens légaux à l’acquisition d’une propriété par une famille de gens du voyage qu’il qualifie de « connue des services de gendarmerie ».
Les juristes de plusieurs associations étudient ce texte dans la perspective d’un dépôt de plainte.
Ils pointent le fait que le maire désigne ainsi une famille précise à la vindicte de la population allant même jusqu’à revendiquer implicitement un droit de sélection de ses administrés, notamment au moyen du droit de préemption sur la vente des propriétés.
« Délinquance itinérante », une formule remise en cause
Pour les associations,  la banalisation dans les bulletins municipaux des amalgames entre délinquance et Gens du voyage est une conséquence d’une utilisation sans discernement de la formule « délinquance itinérante ».
« L’office central de lutte contre la délinquance itinérante s’occupe de délits et de crimes commis loin de leurs domiciles par des personnes de toutes origines. Nous ne nous intéressons pas particulièrement à la communauté des Gens du voyage. Il ne faudrait pas aggraver les tensions autour de problèmes de stationnement qui n’ont aucun lien direct avec les délits dont nous nous occupons », affirme le service de communication de la gendarmerie (SIRPA). Très embarrassé par les polémiques autour de la stigmatisation des Roms ou des Gens du voyage, l’organisme renvoie sur la presse la responsabilité de l’usage très contesté de la formule « issu de la communauté des Gens du voyage », pour qualifier des individus suspectés ou condamnés pour des actes délictueux.
«Avant d’utiliser cette expression, nous nous appuyons sur nos sources policières ou judiciaires locales comme la cellule Balkan 68. Nous nous demandons s’il s’agit d’une information pertinente liée à un mode de vie pour ne pas stigmatiser une population, et nous précisons la nationalité des mis en cause », explique Antoine Bonin, journaliste de la rubrique faits divers des Dernières nouvelles d’Alsace. Il justifie ainsi le qualificatif « membres de la communauté des Gens du voyage » associé à des ressortissants Croates impliqués dans des cambriolages en Alsace.
Dans une chronique européenne, 4 auteurs-chercheurs dénoncent « le mythe du rom nomade » ; un amalgame entre mode de vie itinérant et émigration. Ils précisent que l’itinérance représente un phénomène limité à la France et la Grande Bretagne sans équivalent dans le reste de l’Europe.
Le Conseil de l’Europe a récemment publié un glossaire précisant les définitions des termes Gens du voyage, roms, tsiganes, nomades, etc.
Références
Le glossaire terminologique du Conseil de l'Europe relatif aux Roms

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