En dépit des efforts d’explications déployés ces derniers mois par les associations de Gens du voyage français et les organisations de Roms migrants, les amalgames ont la vie dure. Observateur attentif des médias, Joseph Charpentier président d’SOS Gens du voyage, organisateur des grands rassemblements de Vie et Lumière et membre de la Commission national consultative, déplore ces confusions. Interview
« Notre mode de vie de Gens du voyage Français n’a rien à voir avec celui des Roms des pays de l’Est. Préciser cela n’est pas une manière de rejeter ces familles qui vivent dans une misère digne du moyen âge, mais il faut cesser ces amalgames qui nous portent préjudices à nous Gens du voyage et ne les aident pas non plus. Ils ne sont pas itinérants aussi, lorsque les autorités les installent sur des aires d’accueil cela ne résoud pas leurs problèmes et retire des places pour ceux qui en ont besoin »
Ne pas comptabiliser les Roms migrants dans les Schémas départementaux
« Les gens qui dans le cadre de la révision des schémas départementaux évaluent les besoins comptent ces familles qui vivent en caravane faute de mieux et qui sont très visibles, mais doivent faire beaucoup plus d’efforts pour réellement évaluer les besoins des vrais itinérants. Au final le nombre de place est sous évalué. Cela ne permet non plus d’évaluer les besoins en logements sociaux pour ceux qui vivent dans les bidonvilles. Selon les informations que nous avons à la commission nationale consultative nous craignons que les besoins qui étaient déjà sous évalués dans les premiers schémas, correspondent encore moins à la réalité dans les nouveaux.
Les amalgames détruisent nos efforts pour lutter contre les préjugés
« Français depuis des siècles, nous avons déjà énormément de mal à combattre les préjugés qui nous accablent, nous n’avons pas non plus à subir toutes les images négatives qui sont données des Roms migrants. Le manque d’hygiène, la mendicité, la prostitution ne font pas partie de notre culture et de notre mode de vie. Je ne sais pas si ces accusations sont vraies pour les Roms des pays de l’Est car nous n’avons rien en commun, si ce n’est trop souvent les titres des journaux. Je demande aux journalistes de faire attention de ne pas mélanger des sujets qui n’ont rien à voir les uns avec les autres. Lorsque vous écrivez sur les Gens du voyage, vous parlez de citoyens Français et d’un mode de vie itinérant. Lorsque vous parlez des Roms Roumains, vous traitez d’une question d’émigration et de problèmes entre les Etats Européens.
Confusions médiatiques
Rares sont les médias qui font l’effort de distinguer entre ces réalités très différentes. C’est grave et dommage car au lieu d’informer, ils entretiennent la confusion. Même les Dépêches tsiganes renforcent les amalgames lorsqu’ elles mélangent des articles sur les Gens du voyage et les Roms migrants, sans faire de nette distinction entre ces sujets. Il ne faut pas s’arrêter aux mots qui désignent des ethnies que l’histoire à séparé. Les Roms Français sont les premiers à souffrir de ces amalgames. Vivant dans ce pays depuis des siècles, ce sont des gens du voyage à part entière comme les Manouches, les Sintis, les Yéniches, les Gitans. Les Roms des autres pays eux, sont sédentarisés depuis des siècles. Ils sont tout aussi respectables, mais ils ont un autre mode de vie. Lorsque certains d’entre eux émigrent en France, ils ne se transforment pas en voyageurs et continuent à être des sédentaires. Lorsqu’ils sont dans la misère, il faut bien sur les aider, mais face à ces problèmes nous sommes comme tous nos concitoyens »
Propos recueillis par OB
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