samedi 30 avril 2011

Focus spécial déportation et résistance


Sommaire
Ont participé à ce numéro : journalistes Isabelle Ligner, Olivier Berthelin

A noter : Actualité de la mémoire des génocides des juifs et des tsiganes (O.B)
Point de repère : Livres et sites de références (avec l’aide précieuse des participants à l’opération une mémoire Française : les tsiganes durant la seconde guerre mondiale)
Témoignage de Raymond Gurême, interné et résistant (Isabelle Ligner)
Un monument à Montreuil Bellay (OB)
Dialogue des mémoires juives et tsiganes (propos recueillis par OB)
Document : une histoire pleine de larmes (René Zanelato)
Présentation de quelques livres


A noter :
Journée du souvenir des héros de la déportation et de la résistance, le 24 avril 2011 fait écho à des actualités brulantes. Ce lourd passé n’est pas absent des débats autour des titres de circulation et du statut des Gens du voyage qui, fin avril 2011 occupent la commission nationale consultative et la Halde. Certains peuvent aussi faire des liens avec les actes de violences envers diverses communautés qui se multiplient à travers l’Europe. (Lisez les dernières nouvelles dans votre Flash infos tsiganes)
Mais, il est toujours hasardeux d’effectuer des rapprochements entre des faits de 2011 et la période nazie. Aussi nous n’abordons dans ce focus que des évènements (lisez un monument du souvenir à Montreuil Bellay) des initiatives, (lisez dialogues des mémoires sur les génocides juifs et tsiganes) directement liés aux camps d’internements et d’extermination. Nous privilégions les paroles des témoins d’hier et des acteurs d’aujourd’hui. (Lisez Raymond Gûrem, un témoignage essentiel pour la destinée des voyageurs). En document, nous vous offrons (une histoire pleine de larmes) un texte peu connu du pasteur Zanellato qui témoigne du regard qu’une partie des intéressés portent sur leur propre histoire dans la longue durée. Depuis quelques années historiens et chercheurs explorent de plus en plus précisément le champ encore largement méconnu du rôle des tsiganes dans les camps et la résistance, nous vous invitons à vous reporter à leurs travaux.
En publiant ce focus, nous avons conscience de marcher à contre courant des nouvelles modes journalistiques qui prônent la dénonciation des communautarismes fondés sur l’évocation des victimes du passé.  Comme vous le lirez, les dangers de l’instrumentalisation de l’histoire ne sont pas absent des préoccupations de nos interlocuteurs. Leurs réflexions sur le sujet méritent d’être écoutées avec attention. Existe-t-il un ou des communautarismes tsiganes ? Si oui, se fondent –ils sur le mode de vie, l’appartenance à une ethnie, ou l’attachement à une culture, à des religions ?  Ces vastes débats qui sont loin d’être tranchés nécessiteront plusieurs dossiers dans lesquels il sera indispensable d’entendre les points de vu des intéressés.
Olivier Berthelin

Point de repère focus spécial déportation et résistance




Centre de ressources

Une mémoire française : Les tsiganes pendant la seconde guerre mondiale, 1939-1946
Le projet Une mémoire française, rassemble les documents, les recherches et les initiatives sur les tsiganes durant la seconde guerre mondiale. Porté par l’ANGVC, l’ASNIT, la FNASAT Gens du voyage, l’UFAT, Romani Art, MRAP, LDH. Il est encadré par un comité scientifique d’historiens et parrainé par Tony Gatlif.  
Le site actualisé régulièrement présente le cadre historique, les ressources disponibles et le programmes des manifestations et conférences qui se déroulent à travers toute la France.

Livres et documentaires de référence de références :

Documentaire : des français sans histoire un film de Raphael Pillosio, l’atelier documentaire

Les tsiganes en France : un sort à part 1939-1946 Marie-Christine Hubert, Emmanuel Filhol, Perrin éditeur (2009)

Publications récentes
Interdit aux nomades : Raymond Gurême et Isabelle Ligner, éditions Calmann-Lévy (2011), présentation le 6 mai à 19 heures à la médiathèque de la FNASAT, 59, rue de l’Ourcq

Mérignac- Beaudésert, tsiganes français sous l’occupation, Christophe Sigognault, Michèle Faurie, d’après les les travaux d’Emmanuel Filhol, édition l’espace d’un instant, 2011

Ces barbelés oubliés par l’histoire : un camp pour les tsiganes….et les autres, le camp de Montreuil Bellay, Jacques Sigot, Quatrième édition Wallada

Muscha, un jeune tsigane dans l’Allemagne nazie, Anja Tuckermann, traduction Elisabeth Clanet, Oskar édition 2011

Chroniques des jours immobiles. Les « nomades » internés à Arc et Senans 1941-1943, Alain Gagnieux, ed l’Harmattan

 
Interdit aux Nomades, Raymond Gurême et Isabelle Ligner, Editions Calmann-Lévy, 2011. - 233 p. ISBN 978-2-7021-4221-9 : 17 €.

A 85 ans, Raymond Gurême est l'un des rares survivants d'une page occultée de l'histoire de France : celle de l'internement sur son sol de familles " nomades ", de 1940 à 1946.
Né en 1925 dans une roulotte, comme ses ancêtres - français et itinérants depuis des générations - Raymond a suivi leur pas sur la piste du cirque familial. Clown et acrobate, il a également aidé ses parents, qui possédaient un cinéma ambulant, à faire connaître cette nouvelle forme de culture et de divertissement dans la France profonde, où ces "roulottiers" étaient accueillis comme des vecteurs de "civilisation".
Mais ce monde enchanté disparait brutalement en 1940 lorsque la famille de Raymond est victime des persécutions de Vichy à l'égard des " nomades ". Raymond, ses parents et ses huit frères et soeurs seront tout d'abord enfermés à Darnétal, près de Rouen avant d'être transférés à Linas-Montlhéry, dans l'Essonne.
Là, ils vivent sous la garde de policiers et gendarmes français, séparés du monde, sans nourriture, sans hygiène, sans chauffage.
Digne descendant des Fils du vent, Raymond refuse de se laisser enfermer : il réussit toujours à s'échapper de maisons de redressement, de camps d'internement en France et de camps de discipline en Allemagne.
Pour survivre, il met à profit ses talents d'acrobate pour se " nachave " (" s'évader " en romani) et son humour de clown lui évite de perdre espoir dans les pires situations.
A 18 ans, il rejoint la Résistance et participe activement à la Libération mais cela ne lui vaudra aucune reconnaissance. Lui et les siens connaîtront un véritable déclassement après-guerre.
Pour exprimer sa souffrance, Raymond Gurême, qui a 15 enfants et 150 descendants, a ancré sa famille face au camp de Linas-Montlhéry, où sa mémoire est restée fixée.
Essentiel au regard de l'histoire, son témoignage plein de gouaille est d'une brûlante actualité car il est aussi politique et engagé et éclaire les liens entre les persécutions passées et les discriminations dont souffrent actuellement les "gens du voyage".
Son récit passionnant se lit comme un roman d'aventures, tant ce personnage haut en couleur a défié la mort à de multiples reprises.


Mérignac-Beaudésert, Tsiganes français sous l'occupation
de Christophe Sigognault, Michèle Faurie, d'après les travaux d'Emmanuel Filhol, Editions L'Espace d'un Instant, 2011, 56 p.
ISBN : 2915037671
Prix : 10.00 €

« Je suis né en 1959 dans le Maine-et-Loire, non loin de Montreuil-Bellay. De toute ma jeunesse vécue dans cette région, je n’ai jamais reçu aucun témoignage, ni entendu la moindre allusion à propos de la présence d’un camp d’internement comme celui de Montreuil-Bellay, ni en famille, ni à l’école, ni dans mon entourage. Je n’en ai découvert l’existence qu’à l’âge de trente ans, à la lecture d’un quotidien. Ce jour-là, je me suis promis de participer, sans savoir encore comment, à un “devoir de mémoire”. Depuis je vis et travaille comme artiste, comédien, auteur et directeur artistique d’une compagnie de cirque équestre. Le côté nomade sous chapiteau m’a rendu encore plus sensible à la condition des “gens du voyage” » raconte Christophe Sigognault.


Muscha, un jeune Tsigane dans l'Allemagne nazie, Anja Tuckermann, Oskar éditions, 232 p., 2011, Prix : 13,95 €
L'histoire de Josef Muscha Müller. Témoignage de la vie d'un enfant allemand, né Sinto, dans l'Allemagne nazie et de la souffrance des Tsiganes face au racisme et à la cruauté.
L'auteur, Anja Tuckermann, est une journaliste et romancière allemande. Elle a rencontré Josef il y a quelques années dans un café littéraire à Berlin. Elle a été bouleversée en écoutant son histoire. Ensemble, ils ont parcouru l'Allemagne pour rencontrer les collégiens et leur parler de l'expérience de Josef, qu'Anja a ensuite retranscrite dans ce livre.

Chronique des jours immobiles. Les "nomades" internés à Arc-et-Senans 1941-1943, Alain Gagnieux, Préface Jacques Sigot, Ed. L'Harmattan,
ISBN : 978-2-296-13930-5, février 2011, 328 pages
Le 6 avril 1940, un décret présidentiel assigne à résidence ceux que la loi de 1912 désigne comme "nomades". Il s'agit de populations itinérantes (Manouches, Roms, Gitans, Yéniches, forains), englobées sous le vocable Tsiganes, mais françaises de souche pour la plupart. L'occupation allemande scelle leur destin : dans l'indifférence générale, ils sont traqués et internés dès l'automne 1940, dans une trentaine de camps. Cet ouvrage retrace le quotidien des internés d'Arc-et-Senans, dans le Doubs, à partir d'archives et de témoignages.

Ces Barbelés oubliés par l'Histoire - Un camp pour les Tsiganes... et les autres.
Qui se souvient, ou plutôt, qui veut se souvenir des camps de concentration que la France acréés et administrés pendant la seconde guerre mondiale ? Comme tants d'autres, Montreuil-Bellay, petite ville touristique au confluent de trois régions, l'Anjou, la Touraine et le Poitou, avait concencieusement oublié le sien, jusqu'à ce que Jacques Sigot en reconstitue patiemment toute la ténébreuse histoire.

Ils sont nombreux ceux qui, à un moment ou à un autre, ont connu la double enceinte de barbelés électrifiés, hérissée de miradors, de Montreuil-Bellay : Républicains espagnols, hiver 39-40; civils anglais au cours de l'été; clochards de la région nantaise, collaborateurs, soldats ennemis en perdition, septembre 44; civils allemands, surtout des femmes, internés comme otages en 1945.

Mais hantent surtout ces barbelés oubliés par l'Histoire, de novembre 1941 à janvier 1945, les tsiganes que la IIIe république de Lebrun a décidé d'interner avant que les Allemands n'envahissent la France, et qu'elle oublie de libérer après que ceux-ci sont chassés.


Ces Barbelés oubliés par l'Histoire. Un camp pour les Tsiganes et les autres.
Auteur : Jacques Sigot
Editeur : Wallâda (5, rue Defabritis 13110 Port-de-Bouc), collection Cheminements





Un monument du souvenir au camp d’internement de Montreuil Bellay




Lors des cérémonies autour du camp d’internement tsiganes de Montreuil Bellay, le 23 avril,  les services de l’Etat ont annoncé la création d’un monument à la mémoire des internés tsiganes.

« Les autorités, nous ont annoncé d’ici à l’année prochaine la construction d’un véritable monument où nous pourront dignement nous recueillir pour rendre hommage à nos familles qui ont souffert dans ce camp », témoigne avec émotion Milo Delage, vice président de l’UFAT. Il insiste sur la portée politique de cet évènement. Alors que le discours de Grenoble du président de la république fustigeant « certains des Roms et des Gens du voyage », le site du camp de Montreuil Bellay était classé monument historique. « Les autorités nous reconnaissait enfin que nous avons contribué à l’histoire de notre pays et dans le même temps, elles nous stigmatisaient. Nous espérons que la construction de ce monument signifie que le temps du rejet est terminé », lance le responsable associatif. Très attentif aux symboles, il remarque que les représentants de l’Etat et du Conseil général participant à la cérémonie à côté du maire Montreuil Bellay et du président de la communauté d’agglomération sont issus de la diversité. « Même si ce n’est qu’un hasard, je trouve encourageant que cette engagement à nos côtés de personnes de toutes les communautés ».

Un concours international d’artistes

Abdel-Kader Guerza, sous préfet de Saumur, a annoncé le lancement d’un appel d’offre Européen pour la réalisation d’une sculpture rendant hommage aux internés. Ce projet qui remplacera l’actuelle stèle érigée par l’association pour la mémoire du camp tsigane ACMT est soutenu par le Conseil général, la communauté d’agglomération et la ville. Aujourd’hui garantie par l’inscription à l’inventaire des monuments historiques, la protection des derniers vestiges du camp n’a pas toujours fait l’unanimité. Plusieurs projets d’aménagements routiers et industriels ont en effet été envisagés sur le site redécouvert après une longue période d’oubli, en 1980, par les travaux de l’historien Jacques Sigot qui publie la quatrième édition augmentée de son livre : Des barbelés que découvre l’histoire.

Olivier Berthelin

Dates clefs du camp de Montreuil Bellay

Janvier à juin 1940 : des républicains espagnols mobilisés pour travailler dans une poudrerie voisine sont logés dans des baraquements.
Juin 1940- mars 1941 : les Allemands transforment le site en camp de prisonniers pour les soldats et les civils britanniques 

8 novembre 1941/ 16 janvier 1945 : rendu à l’administration Française, le camp utilisé pour l’enfermement de tsiganes compte jusqu’à 1096 internés.

Septembre 1944 à novembre 1945 : Des collaborateurs et des ressortissants allemands sont internés dans le camp avant que celui-ci ne serve brièvement de terrain de manœuvre pour l’armée avant d’être vendu aux enchères en octobre 1946.

1980 : Jacques Sigot instituteur et historien local rencontre des témoins du camp et commence ses recherches.

1988 : Installation d’une stèle

1990 : une cérémonie annuelle est organisée lors des journées de la déportation

2005 : création de l’AMCT

2010 : inscription du site à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques

Juifs et tsiganes : Partager la mémoire et agir dans le même sens


Juifs et tsiganes : Partager la mémoire et agir dans le même sens

Fin mars dernier, des représentants de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et des organisations tsiganes UFAT, ASNIT,ANGVC,FNASAT, ont vécu pour la première fois ensemble un voyage de recueillement dans les camps de concentration polonais. Au-delà du partage de la mémoire, cette opération s’inscrit dans une démarche de solidarité commune contre les racismes qui ont facilité l’holocauste et restent bien vivant aujourd’hui.


« Mettre fin à la concurrence des mémoires dans un contexte français tendu », ainsi l’Union des étudiants juifs de France UEJF définit le but poursuivit par le voyage sur les sites des camps de la mort qui a réunit du 16 au 20 mars des descendants des victimes de l’holocauste. Ce voyage très œcuménique a rassemblé des participants juifs (UEJF), catholiques (ANGVC), protestants (ASNIT), laïques comme se définissent l’UFAT et la FNASAT, qui est fédération d’associations tournées vers l’action sociale. Au-delà des liens évidents qui unissent les communautés juives et tsiganes, seules catégories de personnes internés ou déportés du simple fait de leur naissance, il s’inscrit dans une perspective d’actualité brulante. « La stigmatisation d’un groupe spécifique a des conséquences néfastes sur le vivre-ensemble en France et, par ricochet, n’est pas bonne pour la communauté juive », déclarait Arielle Schwab, présidente de l’UEJF, lors des récentes polémiques déclenchées par le discours de Grenoble du président de la république au sujet des Roms et des Gens du voyage. Le voyage des mémoires partagées a donc été pensé comme un temps fort dans un long parcours d’actions de solidarité, de colloques, concerts et opérations de sensibilisations (pour en savoir plus : www.uejf.org , www.fnasat.asso.fr , www.ufat.asso.org ). Un film et des conférences à travers tout le pays doivent prolonger l’opération.  Les étudiants insistent sur la nécessité de sortir de l’oubli le génocide des tsiganes qui bien qu’ayant frappé entre 200 et 600 000 personnes à travers l’Europe reste une zone grise de l’histoire. «  Cette démarche associant deux mémoires spécifiques, la mémoire de la Shoah et la mémoire du génocide des Tsiganes, doit mettre l’accent sur la prévention universelle de tous les génocides tout en affirmant la spécificité de chacun », explique le document de présentation rédigé par les organisateurs.


Témoignages de participants   

Laurent El Ghozhi, président de la FNASAT
« Le travail sur la mémoire est indispensable pour aller de l’avant. La reconnaissance des victimes n’est pas contradictoire avec l’affirmation de la dignité. Ce voyage a été très fort sur plan là car tous les participants se considèrent comme des acteurs aujourd’hui et non comme des victimes. Les participants Juifs ont montrés beaucoup d’interrogation sur l’histoire des tsiganes qu’ils découvraient. Les tsiganes ont exprimés le besoin de partager leur révolte et beaucoup de reconnaissance dans le fait d’être écoutés et reconnus. Nous étions dans la dialogue des mémoires. Ce que nous avons vu a Auschwitz  nous a tous poussé à réfléchir sur les problèmes que pose l’instrumentalisation du génocide ».

Francine Jacob : déléguée française au forum européen des Roms, déléguée nationale de l’UFAT)
« Nous devons régler ce passé douloureux pour construire l’avenir.  Il faut aller plus loin qu’une reconnaissance symbolique. Tant que la France n’aura reconnu sa participation à ces crimes, nous aurons du mal à faire confiance et à travailler avec les autorités sur les problèmes d’aujourd’hui. Nos grands parents ont combattus pendant la première guerre mondiale et la France les a remercié en les internant avant même l’arrivée des Nazis. Ce traumatisme reste présent lorsqu’on nous dit que nous devons vivre sur des aires d’accueil fermées qui ne sont pas toujours conçues et gérées avec le même respect des usagers que les équipements destinés a d’autres publics. Nous devons faire passer le message au jeunes, leur expliquer que si nous existons encore, nous le devons à ceux qui ont souffert et résisté. Nous devons prendre le relais des témoins de cette époque et être leurs témoins »

Sacha Zanko : membre du conseil d’administration de l’ANGVC
« Nous avons pris conscience de la gravité de ce génocide et surtout que nous partageons cette histoire avec d’autre. Il n’y a pas eût que des tsiganes ou que des juifs. Les internés de Tréblinka venaient de 17 000 villages différents de toute l’Europe. Nous devons transmettre les émotions que nous avons éprouvées, car le racisme n’est pas mort. Aujourd’hui, il prend de l’ampleur contre les tsiganes, mais il vise aussi d’autres populations ».

Propos recueillis par Olivier Berthelin    

UNE HISTOIRE PLEINE DE LARMES :


Document un regard sur l’histoire



 UNE HISTOIRE  PLEINE  DE  LARMES :

Tout au long de leur diaspora, les “ Tziganes “ durent endurer la persécution, la déportation et l’extermination.
L’histoire elle-même relate avec force témoignages les récits horribles, les humiliations et les tortures que subit ce peuple.
Les mesures de bannissements étaient prises dans la plupart des pays d’Europe. L’embarquement forcé, les galères, la déportation vers les colonies des Caraïbes, d’Afriques ou des Amériques étaient le lot de familles entières de « Romanichels ».
-          En 1539, François 1ier condamne au bannissement plusieurs centaines de bohémiens
-          En 1647, Condamnation aux galères de tziganes par le roi Louis XV
-          En 1802, interdiction des Gitans en Pays Basque
-          En 1845, Sedar Nicolaï Nica de Roumanie vend 200 familles d’esclaves Tziganes « Rob » à la France pour être déportés aux Caraïbes. 
-          En 1749, en Espagne, une grande rafle permis la capture de 12 000 « Gitans ».
      -   En Angleterre, on pendait un « Gypsy » aux portes des villes pour dissuader les troupes nomades de s’installer aux abords des cités. A cette même période, on organisait des « chasses aux Gypsies » comme on chassait le gibier et on en exposait les trophées.
       -  En France, la déclaration de 1682 donne ordre d’attacher « aux chaînes des galères » tous les « Romanichels » errants.
       -      Plus tard en 1802, au Pays Basque, plus de 500 « Bohémiens », hommes, femmes et enfants, sont raflés et déportés en Louisiane par la France.
Les “ Travellers “ (Voyageurs) des USA sont issus de ces déportations organisés par la France et l’Angleterre qui enverront aussi des milliers d’entre eux en Australie.
Plus tardivement, les « Roms » d’Europe Centrale et de Russie émigreront volontairement vers l’Amérique du Nord et du Sud.

La Suisse n’est pas exempte d’attitude agressive à l’égard des Tziganes.

A Lucerne, en 1471, la ville interdit aux « Zigüner » de demeurer sur son territoire. Les peines sont sanglantes :
le pilori, le fouet, le marquage au fer, l’emprisonnement.
Des chasses aux Tziganes furent organisées et une récompense était donnée à l’abattage.
Plus proche encore, en 1926, en Suisse, ont mit sur pied des mesures qui visaient à faire disparaître le nomadisme par le dénombrement des familles et l’éducation forcée des enfants placés dans des familles de non-tziganes.
Cette action appelée “ enfant de la grande route de  pro-Juventus “ était inspirée par la théorie néo-nazi de Ritter.
Le Docteur Robert Ritter dirigeait l’unité de recherche sur l’hygiène raciale, il était en possession de 30 000 dossiers sur les tziganes suisses et son idéologie était la suivante : « Pour les nazis convaincus, les tziganes sont une menace pour le peuple allemand et doivent être considérés comme des ennemis ».
Les tziganes même s’ils n’avaient commis aucun délit étaient visés par cette loi.

LE RAPTE DES ENFANTS TZIGANES

C’est dans ce contexte que débuta l’entreprise Pro-Juventus, mandaté du conseil fédéral Helvétique. Monsieur Mottât était alors Président de la Suisse.
Le fondateur de l’œuvre, le Docteur Alfred Siegfried, exprimait clairement ces objectifs :

“ Nous avons décidés de vaincre le mal du nomadisme dans sa racine par des mesures éducatives, pour mener cela à bien, il faut retirer les enfants de l’influence pernicieuse de leur famille et ainsi supprimer la présence parentale “.

Le mode de vie des tziganes dérangeant l’ordre sédentaire, il faut par conséquent trouver tous les moyens de l’anéantir. Les nazis optent pour la solution finale. La Suisse choisit l’anéantissement en douceur, les résultats s’obtiennent à long terme. Oter les enfants du milieu parental conduit à venir à bout du fléau du nomadisme.
Ce n’est qu’après les révélations indignées de la revue “ l’Observateur “ que l’action cessa en 1972 à la demande des tziganes eux-mêmes.
Les choses en Suisse n’ont guère évolué en ce qui concerne les conditions de vie et les droits des tziganes.
Les textes et chroniques ne manquent pas pour raconter les souffrances subies par les tziganes qui ont au cours des siècles enduré le racisme et la xénophobie, mais il serait malhonnête de passer sous silence ceux qui ont été les protecteurs et bienfaiteurs des tziganes.
Des Seigneurs et Barons de Bohême recevaient dans leur domaine des familles entières de tziganes pour les soustraire aux massacres organisés.
Les “ Roms “ ne peuvent oublier qu’en Roumanie, en 1841, après 250 ans de souffrance eut lieu l’abolition de l’esclavage. Les tziganes bénissent les noms des princes Michel Sturdza et Alexandre Gichka qui furent les artisans de leur affranchissement.


UN GENOCIDE SANS PRECEDENT, LA SHOA TZIGANE IGNOREE

Pendant la guerre 1939-1945, avec parfois la complaisance et l’aide des gouvernements et des populations, les rafles successives de milliers de “ Tziganes et Voyageurs “ dans toute l’Europe eurent pour conséquence la déportation et l’extermination de plus de 5 à 700 000 d’entre eux dans les camps de la mort nazis. Les expériences médicales conduites par le Dr. Mengele ont accentués l’horreur et l’humiliation que les tziganes durent subir : stérilisation, mutilation, etc.
Ils ne peuvent oublier Auschwitz, Dachau, Buchenwald, etc. Ce fût un des plus grands ethnocides de notre siècle.
“ Celui qui ne reconnait pas nos morts ne reconnait pas nos vivants, la plus grande des vengeances. “ Citation du discours du 29 mai 1991 à la commission de Bruxelles.
Aujourd’hui les choses n’ont guère changé. Les tziganes subissent régulièrement les agressions, les discriminations, humiliations; rejets et injustices de toutes sortes.
Ils deviennent de plus en plus gênants et indésirables pour les populations et les pouvoirs publics, servant parfois de boucs émissaires pour les xénophobes.
Plusieurs dizaines de milliers de “ Roms “ des pays de l’Est fuient la misère et l’intolérance pour trouver refuge en Europe Occidentale. Mais leur arrivée suscite la crainte et le rejet, ils sont refoulés sans ménagement vers leur pays d’origine qui ne peut faire face à ce problème de retour et place les gouvernements dans une situation conflictuelle.
En ce qui concerne les tziganes, les droits de l’homme sont trop souvent bafoués.
La plupart des Etats d’Europe tente de se débarrasser des tziganes en les expulsant.
En France les autorités de Vichy participèrent largement à l’arrestation et à la déportation des Tziganes.
Les Tsiganes furent, comme les Juifs, interpellés et mis dans des camps.

       



 
  

Les conditions de vie dans les camps Nazis ou Français étaient désastreuses. Nombreux étaient ceux qui mouraient de froid, de malnutrition et du scorbut. La grande majorité d’entre eux furent gazés.
Christian Bernadag dans son livre  « L’holocauste oublié » (édition France empire) apporte des lumières sur cette triste période de l’histoire Tzigane.



ROUMANIE ou l’histoire des souffrances d’un peuple

  1. LA TRISTE PERIODE DE L’ESCLAVAGE
Pour les Tziganes de Roumanie, tout a commencé au XIII ième siècle.
C’est en hommes libres que les Roms arrivèrent en Valachie et en Moldavie. Très rapidement, les Seigneurs Valaques et Moldaves réduisirent les Tziganes à l’esclavage. Des mesures sévères étaient prises par les propriétaires terriens, les princes et les monastères à l’encontre des Roms.
Beaucoup alors cherchèrent à fuir vers l’ouest. D’autres, confrontés à la cruauté, se cachèrent dans les montagnes Carpates.
C’est sous le règne de Rudolf IV (1331-1355) que l’on découvre les premiers récits sur l’esclavagisme tzigane.
Les Roms sont alors enregistrées comme étant la propriété des nobles, du clergé monastique ou des propriétaires terriens.
Mais c’est sous le règne de Basile le Loup (1634-1654) qu’une loi concernant les esclaves tziganes est promulguée. En 1500 le terme roumain « Tsigane » devient synonyme de « Rob » qui veut dire esclave.
A cette période on pouvait classer les esclaves tziganes en différentes catégories : les esclaves des paysans, les esclaves des maisons de maîtres, les esclaves des nobles, les esclaves des monastères et les esclaves de l’église.
Le code pénal de Valachie site les articles suivants :
·         Les Tziganes naissent esclaves
·         Tout enfant né d’une mère Tzigane esclave est esclave
·         Tout propriétaire a le droit de vendre ou de donner ses esclaves
·         Tout tzigane sans propriétaire est la propriété du prince.
·         Les mariages légaux ne peuvent avoir lieu entre les personnes libres et les esclaves.
·         Les mariages entre esclaves ne peuvent avoir lieu sans le consentement du propriétaire.
·         Le prix d’un esclave doit être fixé par le tribunal, selon son âge, sa condition et sa profession.
Les Tziganes sont vendus et achetés à des foires aux esclaves. Au XIX ième siècle, le prix d’un esclave est, en général, d’une pièce d’or par kilo sans égards aux liens familiaux.
« Il n’était pas rare de voir, dans les rues, des êtres humains aux pieds et mains enchaînés, certains portant des anneaux de fer autour du cou, ils étaient fouettés, privés de nourriture, maintenus nus dans la neige ou dans les rivières gelées. On arrachait la femme à son mari, on arrachait les enfants des bras de leurs parents et on les vendait aux quatre coins de la Roumanie » (Citation de Kogalniceanu XIX ième)
Au XIX ième siècle, on pouvait dénombrer plus de 400 000 esclaves tziganes. Certains se révoltaient et formèrent des bandes et se réfugièrent dans les forêts des montagnes de Transylvanie.
Il fallut attendre le 23 décembre 1855 pour que l’esclavage des Tziganes devienne illégal en Moldavie et le 8 février 1856 en Valachie. Mais ce n’est qu’en 1864 que l’esclavage et le servage sont définitivement abolis en Roumanie.
Hélas, encore aujourd’hui,  dans l’esprit de nombreux Roumains les Tziganes sont toujours regardés comme des sous individus. Pour eux « les Tziganes n’ont pas d’âme »
                                                                                                                                                      


                                                  
                                                                                                                                                


  1. LA MARCHE DE LA HONTE
Après cette triste période de l’esclavage tzigane, les souffrances des Roms continuèrent et  dés le début du XXIème siècle  les choses recommencèrent à s’aggraver. Dans les années 1920, la situation économique se détériore en Roumanie. Une atmosphère raciste se développe dans le pays. Des pogroms à l’encontre des Juifs et des Tziganes font leur apparition dans diverses villes.
«  Il faut lutter contre le péril tzigane d’appauvrissement génétique du peuple roumain» (Ion Facaoaru partisan de thèses nazies de Ritter)
En 1941, la Transnistrie était annexée à la Roumanie et cette même année est décidée la stérilisation des femmes tziganes. En mai 1942 Ion Antonescu, chef du gouvernement, ordonne le recensement de la population Rom. 208 700 Tziganes sont enregistrés. Le 1ier juin commence la déportation à pieds des Roms nomades en Transnistrie. Les ordres précisent de ne pas informer les Roms de leur destination.  
 « En une semaine ils étaient 15 000 à arriver. Ils étaient dans un état incroyable de misère,   il y avait beaucoup de vieillards, certain étaient nus » raconte un témoin.
Le 12 septembre 1942 commença la déportation des Tziganes sédentaires.
Ils sont déportés en trains, hommes femmes et enfants. Ils ne sont autorisés à ne prendre qu’un seul bagage à main. Tout le reste est confisqué (maisons, terrains, bétail…) La rafle des Rom sédentaires durera huit jours. Tout cela se fait sans ménagement et avec violence. Seules les familles de ceux qui sont soldats éviteront la déportation.

En Transnistrie les conditions de vie seront désastreuses: famine, froid et typhus font des ravages. Les camps se situent au-delà de la rivière du « Bougo ».
        Ceux qui cherchent à s’évader sont abattus sans pitié. Certains sont complètement nus même l’hiver.
On estime à 35 000 le nombre de Tziganes morts en déportation pendant cette triste période.Si la Roumanie a depuis peu reconnu sa part de responsabilité dans la déportation et la mort de plus de 300 000 Juifs  roumains, elle n’a jamais voulu, jusqu’à ce jour, reconnaître sa responsabilité dans la déportation et la mort des 35 000 Tziganes.

      Le nationaliste Ion Antonescu, chef du gouvernement d’alors, est, encore aujourd’hui pour certains Roumains, un héros national mais il est pour tous les Roms un criminel de guerre qui a sur ses mains le sang du génocide Tzigane. La Roumanie n’a jamais demandé pardon pour ce génocide

   Plus récemment en 1965,  après que Nicolae Ceausescu ait pris le pouvoir, il confisqua tous les biens, les bijoux et objets de valeur des familles Rom. 80% des enfants des « orphelinats mouroirs » étaient des enfants tziganes et on peut évaluer à 50 ou 60% le taux de mortalité dû aux conditions de vie dans ces établissements : minimum de soins et d’attention, épidémies de sida, d’hépatites et de choléra provoqués par un matériel de transfusion non stérilisé.

En Tchéquie et Slovaquie, jusqu'à ce jour, des stérilisations forcées étaient pratiquées par les autorités pour enrayer la démographie Tzigane. Il fallut l’intervention des associations Tziganes Européennes et de plaintes déposées par celles-ci auprès du Conseil Européen pour s’opposer à ce scandale humain.





  1. DEPUIS LA REVOLUTION

Après décembre 1989, qui a vu la chute du dictateur Ceausescu, a commencé une période de racisme et « d’anti-Tsiganisme ». Dès lors, une campagne anti-Rom se manifeste dans toute la Roumanie.
Des pogroms ont lieu :
-          le 24 décembre 1989, à Virghie, deux Tziganes sont assassinés et des maisons sont brûlées,
-          à Turulung, 36 maisons Tziganes sont incendiées le 11 janvier 1990,
-          le 29 janvier 5 maisons sont incendiées à Reghin,
-          quatre Roms sont assassinés et six maisons brûlées à Lunga le 5 janvier,
-          à Adereni en 1993, 4 morts et 14 maisons brûlées,
-          à Sabolciu le 13 mars une quinzaine d’hommes armés de battes de base-ball ont attaqué le quartier tzigane sans raison
-          le 8 mai 2002, 200 supporters de foot ont attaqué un quartier tzigane de Bucarest en criant « les Tziganes, hors de Roumanie »,
-          Les 13 et 15 juin les mineurs arrivés à Bucarest répriment une manifestation anti-Iliescu et se dirigent vers un campement de Tziganes de la banlieue. Le campement est brûlé, les hommes sont battus et des femmes violées sous les yeux de la police indifférente. Les plaintes ne débouchent pas et les auteurs ne seront jamais condamnés.

Violences policières, politique municipale discriminatoires dans le seul but de chasser les Roms de la ville, ségrégation dans les écoles et à l’embauche, discrimination dans l’accès aux soins et aux aides sociales, articles de presse et journal télévisé présentant les Tziganes comme des délinquants. Des slogans affichés régulièrement traduisent la propagande anti-Rom « Mort aux Tziganes » ou « Les Tziganes hors de Roumanie »
On comprend mieux la détresse de ce peuple et les raisons qui les poussent à fuir un pays hostile où le racisme existe encore aux portes de l’Europe.

Il y a entre 3 et 4 millions de Tziganes en Roumanie et ce que nous avons fait jusqu’à ce jour dans le domaine de l’éducation, de la formation, de la protection de l’enfance et de la santé est infime, mais nous gardons l’espoir que les choses peuvent changer et nous continuerons nos efforts pour améliorer les conditions de vie de ce peuple rejeté et méprisé.

       Population tzigane très urbaine, marqués par la pauvreté, vivant souvent en ghettos, avec un travail dur, sale et mal payé et une jeunesse désœuvrée, qui livrée à elle-même, s’enfonce dans une délinquance croissante.
Plusieurs centaines de “ Roms “ des pays de l’Est fuient la misère et l’intolérance pour trouver refuge en Europe Occidentale. Mais leur arrivée suscite la crainte et le rejet, ils sont refoulés sans ménagement vers leur pays d’origine qui ne peut faire face à ce problème de retour et place les gouvernements dans une situation conflictuelle.


                         

    Les seules solutions pour enrayer les émigrations sauvages de ces populations en détresse sont de stabiliser les populations dans leur pays d’origine en faisant stopper le racisme et les discriminations, en leur donnant plein droit à l’éducation et aux emplois et en améliorant leurs conditions de vie et de santé. 

   La situation dans les Balkans n’a rien d’enviable. Déjà avant la seconde guerre mondiale, plus de 10 000 tziganes étaient exterminés par les Oustachis en Croatie. Hélas l’histoire se répète pour ce peuple et tout récemment en 1998, lors de la guerre entre les Serbes et les Albanais du Kosovo, selon les rapports de l’OSCE, plusieurs milliers de Roms Albanais et Serbes vivant depuis de nombreuses années au Kosovo et parfaitement intégrés ont été massacrés dans un génocide ethnique. D’autres sont obligés de fuir et perdent tout ce qu’ils possèdent.

    Les Kosovars, non Tziganes, seront reçus comme déportés politiques sans grand problème par les pays européens, mais les Tziganes seront refoulés systématiquement sans ménagement et mis sans avenir dans des camps du HCR, dans lesquels, pour la plupart d’entre eux, ils croupissent encore à ce jour.

René Zanellato

jeudi 28 avril 2011

Revue de presse (fnasat) du 26/04/2011




500 personnes dans le sillage des gens du voyage
Du débat généré par le projet d'aire d'accueil des gens du voyage à Valframbert, Josef Lulek, voyageur sédentarisé à Alençon, a retenu une chose : sa vie, on ne la connaît pas. C'est lui qui est à l'origine de l'après-midi " Bienvenue dans nos roulottes ", organisé hier à la halle aux Toiles par l'Acasev (1), avec le soutien de la ville, notamment de Gérard Charbonneau, le chargé de mission qui s'est beaucoup investi. (...) OUEST France lundi 04 avril 2011

À la Gournerie : l'intégration des Roms se fait pas à pas - Saint-Herblain
La municipalité a autorisé le stationnement des familles roms sur l'un des parkings de la Gournerie, avec un aménagement en eau et électricité. C'est donc en plein air que chaque lundi, les femmes se retrouvent avec les bénévoles du collectif herblinois d'aide pour échanger quelques mots et phrases. " Dépasser la barrière de la langue constitue une première ouverture vers l'intégration, " précisent Marthe Nicolic et Odette Gouraud, bénévoles du collectif. (...) OUEST France mercredi 06 avril 2011

Albi. Les gens du voyage veulent plus de confort
Jarlard
Dix ans que l'aire d'ac cueil des gens du voyage de Jarlard a vu le jour dans sa version "modernisée". Mais il reste encore à faire pour améliorer les conditions de vie des familles qui aspirent à plus de confort. (...) LA DEPECHE 15/04/2011

Auxerre: une aire d'accueil pour les gens du voyage pas très accueillante
L'aire d'accueil temporaire des gens du voyage fait grise mine : dégradations, tags et déchets en tout genre sont monnaie courante. (...) L'Yonne.fr 18/04/2011

Bruxelles se penche sur le sort des Roms
La Commission européenne demande aux Etats de mettre en oeuvre de véritables stratégies d'intégration et se propose de les piloter et de les contrôler annuellement. L'Europe compte 10 à 12 millions de Roms. (...) LES ECHOS 05/04/2011| Anne Bauer

En Hongrie, des Roms fuient un village à cause d'une milice d'extrême droite
Deux cent soixante-dix-sept femmes et enfants roms ont fui, vendredi 22 avril, le village de Gyöngyöspata, dans le nord-est de la Hongrie, avant le retour d'une milice d'extrême droite, qui veut y organiser un "camp d'entraînement", a indiqué le chef de cette communauté Roms. (...) LEMONDE.FR avec AFP | 22.04.11

Enquête sur un maire accusé d'inciter à la haine anti-Roms
Le parquet de Créteil a ouvert une enquête sur des faits d'incitation à la haine contre les Roms, après le dépôt d'une plainte qui vise notamment le député-maire (UMP) de Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne), a appris l'AFP mercredi de source judiciaire. (...) AFP - Publié le 20/04/2011

Hellemmes : un abri pour Roms détruit à la demande du maire de Villeneuve
Devant l'abri complètement détruit, les membres de l'association L'Atelier solidaire, ...
accompagnés du père Arthur, constataient hier après-midi les dégâts. L'association a porté plainte pour destruction de bien volontaire. Cet abri provisoire, un des six financés par la municipalité hellemmoise et construit sur le terrain dit " La Friche ", rue Verte à Hellemmes, a été détruit samedi, vers 19 h, à la demande de la ville de Villeneuve-d'Ascq. (...) La Voix du Nord - mardi 26.04.2011



Belgique .Joëlle Milquet appelle à la création d'un Conseil national des Roms
(Belga) La ministre de l'Egalité des Chances Joëlle Milquet a appelé jeudi à la création d'un "Conseil national des Roms et des gens du voyage" dont la mission serait de soutenir les politiques d'inclusion de ces populations discriminées. (...) LE VIF.be jeudi 07 avril 2011

L'errance des Roms, harcelés par les autorités françaises
L'évacuation des bidonvilles n'enraye pas l'installation illégale de Roms, ici pour " trouver à manger ". Exemple en Ile-de-France. (...) RUE 89 07/04/2011 Par Hugo Domenach

La Région veut aider à accueillir et intégrer les Roms
Les Roms vivaient discrètement dans des immeubles inoccupés et les expulsions les ont conduits à créer des bidonvilles indignes, comme le long de Plombières, à la Belle-de-Mai. (...) LA PROVENCE le jeudi 31 mars 2011

La situation des Roms évoquée en débat public - Bouguenais
Une soixantaine de Bouguenaisiens dont cinq élus municipaux et dix habitants roms étaient présents à la réunion publique organisée par le collectif Rom de Bouguenais et le Collectif Romeurope de l'agglomération nantaise. Les objectifs de ce collectif sont de faire connaître les Roms, de mieux les comprendre et de demander à la municipalité d'agir " pour de meilleures conditions de vie ". (...) OUEST France mercredi 06 avril 2011

"Né coupable" d'être Rom au camp de Lannemezan
Hautes-Pyrénées
On leur dit " fils du vent ". Lui se contente d'être fils d'Adam. " Huitième enfant né d'Adam Gusmann, Rom Kalderash, chaudronnier " dit Damo " et de Gladel Weinstein " Manouche de Bordeaux ", résume Louis Gusmann, venu au monde il y a 67 ans au camp d'internement des nomades de Lannemezan. Le camp d'internement de Lannemezan ? (...) LA DEPECHE 08/04/2011

Le collège a accueilli l'association des gens du voyage - Montauban-de-Bretagne
L'Association des gens du voyage d'Ille-et-Vilaine (AGV35) est un groupement d'intérêt public qui travaille auprès des gens du voyage sur toutes les questions qui touchent à la scolarisation des enfants, à la jeunesse, à l'insertion professionnelle ou encore à la santé et à l'habitat. (...) OUEST France vendredi 08 avril 2011

"Le monde ne va pas bien"
Né dans la banlieue d'Alger d'une famille de Gitans andalous, Tony Gatlif a nourri son cinéma de la défense passionnée des Roms, cette "communauté en mouvement". Latcho Drom , Gadjo Dilo , Exils ... Ses œuvres, transcendées par une musique intense, racontent l'exil, le déracinement, la liberté. Aujourd'hui, il est inquiet. (...) LE QUOTIDIEN 08/04/2011

Le sort s'acharne sur un camp rom d'Orly
Jeudi soir, le feu a ravagé huit cabanes occupées par des Roms dans un camp à Orly, sans faire de blessé. Plus de 70 personnes ont été évacuées. (...) LE PARISIEN VINCENT VÉRIER | le 16.04.2011

Le tribunal royal de Cioaba
Le roi des Roms, Florin Cioaba, a inauguré la première instance juridique rom, à Sibiu, en face de son palais. Sur l'estrade, sept drapeaux, dont celui des Roms et de l'UE. Une initiative inédite expliquée par România Libera. (...) COURRIER INTERNATIONAL 05.04.2011

Les élus contre une nouvelle aire
Les élus du Pays de l'Or refusent de construire une 3e aire des gens du voyage, tel que le préconise le nouveau schéma départemental pour l'accueil et l'habitat des gens du voyage. À peine en conformité avec le précédent plan et la construction de deux aires : l'une à La Grande-Motte de 50 places et l'autre de grand passage de 200 emplacements à Mauguio. (...) MIDI LIBRE 2/04/2011

Les gens du voyage, " communauté à part entière "
La première paroisse personnelle dédiée aux gens du voyage, placée sous le patronage du Bienheureux-Ceferino-Giménez-Malla, qui vient d'être créée par l'évêque d'Évry, commence à s'organiser. (...) LA CROIX 03/04/2011

Les Roms, une minorité toujours aussi menacée en Europe
Dans son rapport sur les droits de l'Homme en Serbie, une ONG constate les discriminations et les agressions dont sont victimes les Roms, adultes et enfants. (...) NOUVEL OBS 31/03/2011

Marseille. Roms : un centre de documentation pour " changer le regard de l'autre "
Un centre régional de ressources et de documentation sur les cultures tsiganes vient d'ouvrir ses portes au cœur de Marseille, cours Julien. Inauguré hier, ce tout nouveau lieu, imaginé par l'association Rencontres Tsiganes est blotti au sein de la Maison Méditerranéenne des Droits de l'Homme (MMDH). L'endroit vise à faire découvrir et valoriser la culture Rom. (...) MED 'IN le 5 avril 2011

Roms : " Chacun doit prendre sa part ! "
L'affluence de Roms dans la métropole devient problématique pour les villes qui se renvoient discrètement la balle. Cela n'est pas du goût du maire de Wattrelos qui vient de découvrir la présence de huit familles sur son territoire. (...) Nord Eclair le mardi 19 avril 2011

Roms : " Le stress qui ne facilite pas l'intégration " - Saint-Herblain
Une vingtaine de membres de la communauté Rom, installée sur le parking des étangs de la Gournerie, a participé mardi salle Françoise-Giroud, à la rencontre organisée par le collectif herblinois Romeurope. Avec l'aide d'une interprète, ils ont exprimé leur reconnaissance envers ceux qui les soutiennent et levé un voile sur leur quotidien. (...) OUEST France samedi 26 février 2011

Saint-Denis/Roms: 59 avis d'expulsion
Des obligations de quitter le territoire français (OQTF) ont été notifiées jeudi matin à des Roms installés à Saint-Denis sur des terrains appartenant à la ville. La police a vérifié l'identité et la situation des occupants du terrain, a expliqué la préfecture de Seine-Saint-Denis. Des OQTF ont été distribuées en cas de situation irrégulière, a-t-elle indiqué. (...) AFP - 21/04/2011

Selon la CNIL, la gendarmerie n'a pas de fichier "structuré et pérenne" sur les gens du voyage
L'affaire avait fait grand bruit début octobre 2010 : l'Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI), rattaché à la gendarmerie nationale, aurait constitué un fichier intitulé "MENS" (pour "minorités ethniques non sédentarisées"), où auraient notamment figuré des distinctions entre les "manouches" et les "gitans" dans les "groupes à risques", ainsi que les "spécialités" des familles tsiganes (trafic de véhicules, vol de bijoux, blanchiment...). (...) ASH 04 avril 2011

Un campement de 74 Roms évacué à Créteil
Un camp de 74 Roms a été évacué à Créteil (Val-de-Marne), mardi 12 avril, peu après 7 heures. La préfecture du département a confirmé cette information du Parisien.fr qui faisait auparavant état d'un camp de 60 personnes. (...) LEMONDE.FR | 12.04.11

Roms : du bruit, pas de changements
En août dernier, le gouvernement promettait d'évacuer tous les camps illégaux. Ce jeudi, la circulaire "anti-Roms" a été définitivement enterrée. (...) Metro 07/04/2011

Une association veut instaurer un dialogue apaisé sur les roms - Carquefou
L'Association Vivre Ensemble à Carquefou a tenu son assemblée générale. Cette nouvelle association se focalise sur le soutien aux familles roms qui vivent dans plusieurs camps à Carquefou. La réunion visait surtout à expliquer la situation actuelle dans la commune. (...) OUEST France samedi 16 avril 2011

Une fillette non scolarisée retirée à ses parents en Gironde
Une famille de la communauté des gens du voyage de Saint-Médard-en-Jalles (Gironde) s'est vu retirer sa fille de 6 ans, Aloma, pour défaut de scolarisation, une mesure vigoureusement dénoncée par l'avocat de la famille, a-t-on appris vendredi de sources judiciaires. (...) LE PARISIEN le 15.04.2011

Des voyageurs à bon port
Ouverte depuis un mois, l'aire d'accueil pour les gens du voyage est inaugurée aujourd'hui. (...) Sud-Ouest 6 avril 2011

Une manifestation pour dire " stop aux expulsions sans solution "
Après s'être invités dans les débats du conseil communautaire de vendredi soir (lire notre édition d'hier), les Roms de Dourges ont de nouveau occupé les débats, hier après-midi. Mais dans la rue, cette fois. Pour protester contre leur évacuation musclée de cette semaine, des associations avaient appelé à manifester depuis la mairie de Dourges jusqu'à la CAHC. (...) La Voix du Nord dimanche 17.04.2011

Vers des émeutes de la faim en Hongrie ?
Pour Corentin Léotard, l'augmentation de la pauvreté liée à la crise économique et au plan d'austérité mis en place par le gouvernement conservateur de Viktor Orbán a fait dangereusement croître les tensions interethniques en Hongrie, attisées par le parti d'extrême-droite Jobbik et ses milices d' " autodéfense ". (...) Marianne 2 Corentin Léotard - journaliste | Jeudi 7 Avril 2011

lundi 25 avril 2011

Un témoignage essentiel sur la destinée des voyageurs


Cet article fait parti du focus  Mémoire et citoyenneté concernant les évènements entourant la journée des victimes et héros de la déportation qui sera publié dans le prochain Flash infos tsiganes.
De 1940 à 1946, en France l’internement de familles tsiganes en raison de leur appartenance à une communauté a représenté un tournant dramatique de l’histoire dont les conséquences se font encore profondément sentir aujourd’hui. Le parcours de Raymond Gurême, témoin de cette période qui brisa sa famille illustre cette période qui n’est pas encore terminée…
Pour en savoir plus : www.memoires-tsiganes1939-1946.fr/




Un témoignage essentiel sur la destinée des voyageurs

          Faire une entorse à la tradition orale pour la bonne cause et briser 70 ans d’un silence qui a pesé sur la vie de cinq générations – de ses parents à ses arrière-petits enfants. C’est ce tour de force que Raymond Gurême accomplit à 85 ans, dans "Interdit aux nomades". Il laisse pour la postérité, une trace écrite de sa trajectoire d'enfant de la balle libre et facétieux, brutalement enfermé en 1940, avec sa famille, dans des camps d'internement sur ordre du régime de Vichy.
          Alors que les témoins directs de cette page occultée de l'histoire disparaissent un à un, ce patriarche octogénaire, qui a 15 enfants et 150 descendants, a voulu mettre en garde contre les dangers de la stigmatisation et du rejet des "nomades", malheureusement toujours d'actualité.
          Jour après jour, il m'a confié, dans sa caravane, sa nostalgie du bonheur familial qui lui a été volé lorsqu’il avait 15 ans, sa colère, son incompréhension, ses inquiétudes, ses espoirs aussi…le tout enveloppé dans un humour mordant. Ces révélations, entamées en 2010 lors d'une année de mémoire de l'internement des "nomades" en France, ont surpris jusqu'à ses enfants et certains membres de la communauté des "gens du voyage" qui le considéraient eux-mêmes comme un paria et ont finalement découvert en lui l’étoffe d’un « héros ».
          La parole de Raymond Gurême s’est libérée notamment grâce au patient travail du collectif pour la commémoration de l’internement des Tsiganes et Gens du voyage au camp de Linas-Montlhéry et au soutien des historiennes Henriette Asseo et Marie-Christine Hubert.
          Essentiel au regard de l'histoire, ce témoignage plein de gouaille et refusant tout pathos est d'une brûlante actualité : il éclaire les liens entre les persécutions passées et les discriminations dont souffrent actuellement les "gens du voyage".
          Né en 1925, dans la roulotte de ses parents, Raymond Gurême a suivi les pas de ses ancêtres, français et itinérants depuis des générations, sur la piste du cirque familial en devenant clown et acrobate. Avec ses huit frères et soeurs, il a également aidé ses parents, qui possédaient un cinéma ambulant, à faire connaître cette nouvelle forme de culture et de divertissement dans la France profonde, où ces "roulottiers" étaient accueillis comme des vecteurs de "civilisation".
          Mais, en octobre 1940, ce monde enchanté disparait: Raymond est arrêté avec sa famille par des gendarmes français. Victime des persécutions de Vichy à l'égard des Tsiganes, considérés comme d'éternels "étrangers errants", cette famille française est tout d'abord enfermée au camp de Darnétal, près de Rouen. Raymond et les siens perdent alors ce qui était au coeur de leur existence: la liberté, la route…Très vite, ils sont également dépouillés de leurs roulottes et de leur matériel de cirque et de cinéma et transférés dans un camp-mouroir à Linas-Montlhéry, dans l'Essonne.
          Là, ils survivent  sous la garde de gendarmes et de policiers français, séparés du monde, sans nourriture, sans hygiène, sans chauffage. Ancien combattant de la Grande guerre, le père de Raymond ne comprendra jamais comment sa patrie a pu traiter les siens de la sorte.
          Digne descendant des Fils du vent, Raymond refuse de se laisser enfermer: il réussit toujours à s'échapper de maisons de redressement, de camps d'internement, en France et de camps de discipline en Allemagne.
          Pour survivre, il met à profit ses talents d'acrobate pour se nachave ("s'évader" en romani), et son humour de clown lui évite de perdre espoir dans les pires situations. Son récit passionnant se lit comme un roman d’aventures, tant ce personnage
haut en couleur a défié la mort à de multiples reprises.
          A 18 ans, sans nouvelle de sa famille, il rejoint la Résistance et participe activement à la libération du pays. Dans l'après-guerre, son engagement est pourtant noyé dans l'oubli, tout comme le sont les camps d'internement pour "nomades".
          A l'image d'autres victimes civiles de l'internement ou de la déportation, Raymond se tait. Mais il exprime sa souffrance en s'installant avec les siens face au site du camp de Linas-Montlhéry, dont les traces ont été effacées. Sa rage est également visible dans ses rapports heurtés avec la justice et l’administration.
          Après le traumatisme de l'internement et la perte de leur matériel de travail, Raymond et les siens, n'auront que la force de leurs bras pour survivre et connaîtront une véritable "dégringolade sociale" dans l'après-guerre.
          En prenant la parole aujourd'hui avec dignité, Raymond souhaite exprimer sa vive préoccupation pour l'avenir des voyageurs et avertir des dangers du fichage et du rejet d'une population sur la base de son mode de vie ou de ses origines supposées.      
          L'absence de reconnaissance des persécutions subies par ces citoyens français engendre chez les victimes et leurs descendants une virulente défiance à l'égard de la police, la justice et l'administration, démontre-t-il. Leur profond sentiment d'exclusion, attisé par le maintien d'un régime administratif discriminant (livrets et carnets de circulation, héritiers des carnets anthropométriques), a été renforcé depuis l'été 2010 par des annonces gouvernementales ressenties comme une véritable "déclaration de guerre".
          A 85 ans, plus militant que jamais, Raymond Gurême attend depuis plusieurs mois que les autorités françaises consentent à lui renouveler sa carte d'identité tandis que le statut de déporté-résistant lui a été refusé à plusieurs reprises. Il a voté pour la première fois en 2011. Auparavant il avait été découragé de s'inscrire sur les listes électorales. Une carte « d’interné politique » a fini par lui être remise en 2009, près de 70 ans après son internement, mais il attend toujours la pension qui peut l’accompagner.
            Au delà de son combat pour l'accès aux droits d'une population fragilisée par des siècles de stigmatisation, Raymond Gurême dévoile dans ces pages toute son humanité en laissant entrevoir cette part d'intime qui échappe à toute appartenance "communautaire », « identitaire » ou « ethnique » pour atteindre l'universel.

Isabelle Ligner


Livre à paraître:
          « Interdit aux nomades » le témoignage de vie de Raymond Gurême recueilli et écrit par  Isabelle Ligner, publié aux éditions Calmann-Lévy, en librairie le 4 mai.
          Première présentation/rencontre avec les auteurs à la Médiathèque de la Fnasat à Paris le vendredi 6 mai à 19H00, au 59 rue de l’Ourcq.