Lors des cérémonies autour du camp d’internement tsiganes de Montreuil Bellay, le 23 avril, les services de l’Etat ont annoncé la création d’un monument à la mémoire des internés tsiganes.
« Les autorités, nous ont annoncé d’ici à l’année prochaine la construction d’un véritable monument où nous pourront dignement nous recueillir pour rendre hommage à nos familles qui ont souffert dans ce camp », témoigne avec émotion Milo Delage, vice président de l’UFAT. Il insiste sur la portée politique de cet évènement. Alors que le discours de Grenoble du président de la république fustigeant « certains des Roms et des Gens du voyage », le site du camp de Montreuil Bellay était classé monument historique. « Les autorités nous reconnaissait enfin que nous avons contribué à l’histoire de notre pays et dans le même temps, elles nous stigmatisaient. Nous espérons que la construction de ce monument signifie que le temps du rejet est terminé », lance le responsable associatif. Très attentif aux symboles, il remarque que les représentants de l’Etat et du Conseil général participant à la cérémonie à côté du maire Montreuil Bellay et du président de la communauté d’agglomération sont issus de la diversité. « Même si ce n’est qu’un hasard, je trouve encourageant que cette engagement à nos côtés de personnes de toutes les communautés ».
Un concours international d’artistes
Abdel-Kader Guerza, sous préfet de Saumur, a annoncé le lancement d’un appel d’offre Européen pour la réalisation d’une sculpture rendant hommage aux internés. Ce projet qui remplacera l’actuelle stèle érigée par l’association pour la mémoire du camp tsigane ACMT est soutenu par le Conseil général, la communauté d’agglomération et la ville. Aujourd’hui garantie par l’inscription à l’inventaire des monuments historiques, la protection des derniers vestiges du camp n’a pas toujours fait l’unanimité. Plusieurs projets d’aménagements routiers et industriels ont en effet été envisagés sur le site redécouvert après une longue période d’oubli, en 1980, par les travaux de l’historien Jacques Sigot qui publie la quatrième édition augmentée de son livre : Des barbelés que découvre l’histoire.
Olivier Berthelin
Dates clefs du camp de Montreuil Bellay
Janvier à juin 1940 : des républicains espagnols mobilisés pour travailler dans une poudrerie voisine sont logés dans des baraquements.
Juin 1940- mars 1941 : les Allemands transforment le site en camp de prisonniers pour les soldats et les civils britanniques
8 novembre 1941/ 16 janvier 1945 : rendu à l’administration Française, le camp utilisé pour l’enfermement de tsiganes compte jusqu’à 1096 internés.
Septembre 1944 à novembre 1945 : Des collaborateurs et des ressortissants allemands sont internés dans le camp avant que celui-ci ne serve brièvement de terrain de manœuvre pour l’armée avant d’être vendu aux enchères en octobre 1946.
1980 : Jacques Sigot instituteur et historien local rencontre des témoins du camp et commence ses recherches.
1988 : Installation d’une stèle
1990 : une cérémonie annuelle est organisée lors des journées de la déportation
2005 : création de l’AMCT
2010 : inscription du site à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques
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