samedi 30 avril 2011

UNE HISTOIRE PLEINE DE LARMES :


Document un regard sur l’histoire



 UNE HISTOIRE  PLEINE  DE  LARMES :

Tout au long de leur diaspora, les “ Tziganes “ durent endurer la persécution, la déportation et l’extermination.
L’histoire elle-même relate avec force témoignages les récits horribles, les humiliations et les tortures que subit ce peuple.
Les mesures de bannissements étaient prises dans la plupart des pays d’Europe. L’embarquement forcé, les galères, la déportation vers les colonies des Caraïbes, d’Afriques ou des Amériques étaient le lot de familles entières de « Romanichels ».
-          En 1539, François 1ier condamne au bannissement plusieurs centaines de bohémiens
-          En 1647, Condamnation aux galères de tziganes par le roi Louis XV
-          En 1802, interdiction des Gitans en Pays Basque
-          En 1845, Sedar Nicolaï Nica de Roumanie vend 200 familles d’esclaves Tziganes « Rob » à la France pour être déportés aux Caraïbes. 
-          En 1749, en Espagne, une grande rafle permis la capture de 12 000 « Gitans ».
      -   En Angleterre, on pendait un « Gypsy » aux portes des villes pour dissuader les troupes nomades de s’installer aux abords des cités. A cette même période, on organisait des « chasses aux Gypsies » comme on chassait le gibier et on en exposait les trophées.
       -  En France, la déclaration de 1682 donne ordre d’attacher « aux chaînes des galères » tous les « Romanichels » errants.
       -      Plus tard en 1802, au Pays Basque, plus de 500 « Bohémiens », hommes, femmes et enfants, sont raflés et déportés en Louisiane par la France.
Les “ Travellers “ (Voyageurs) des USA sont issus de ces déportations organisés par la France et l’Angleterre qui enverront aussi des milliers d’entre eux en Australie.
Plus tardivement, les « Roms » d’Europe Centrale et de Russie émigreront volontairement vers l’Amérique du Nord et du Sud.

La Suisse n’est pas exempte d’attitude agressive à l’égard des Tziganes.

A Lucerne, en 1471, la ville interdit aux « Zigüner » de demeurer sur son territoire. Les peines sont sanglantes :
le pilori, le fouet, le marquage au fer, l’emprisonnement.
Des chasses aux Tziganes furent organisées et une récompense était donnée à l’abattage.
Plus proche encore, en 1926, en Suisse, ont mit sur pied des mesures qui visaient à faire disparaître le nomadisme par le dénombrement des familles et l’éducation forcée des enfants placés dans des familles de non-tziganes.
Cette action appelée “ enfant de la grande route de  pro-Juventus “ était inspirée par la théorie néo-nazi de Ritter.
Le Docteur Robert Ritter dirigeait l’unité de recherche sur l’hygiène raciale, il était en possession de 30 000 dossiers sur les tziganes suisses et son idéologie était la suivante : « Pour les nazis convaincus, les tziganes sont une menace pour le peuple allemand et doivent être considérés comme des ennemis ».
Les tziganes même s’ils n’avaient commis aucun délit étaient visés par cette loi.

LE RAPTE DES ENFANTS TZIGANES

C’est dans ce contexte que débuta l’entreprise Pro-Juventus, mandaté du conseil fédéral Helvétique. Monsieur Mottât était alors Président de la Suisse.
Le fondateur de l’œuvre, le Docteur Alfred Siegfried, exprimait clairement ces objectifs :

“ Nous avons décidés de vaincre le mal du nomadisme dans sa racine par des mesures éducatives, pour mener cela à bien, il faut retirer les enfants de l’influence pernicieuse de leur famille et ainsi supprimer la présence parentale “.

Le mode de vie des tziganes dérangeant l’ordre sédentaire, il faut par conséquent trouver tous les moyens de l’anéantir. Les nazis optent pour la solution finale. La Suisse choisit l’anéantissement en douceur, les résultats s’obtiennent à long terme. Oter les enfants du milieu parental conduit à venir à bout du fléau du nomadisme.
Ce n’est qu’après les révélations indignées de la revue “ l’Observateur “ que l’action cessa en 1972 à la demande des tziganes eux-mêmes.
Les choses en Suisse n’ont guère évolué en ce qui concerne les conditions de vie et les droits des tziganes.
Les textes et chroniques ne manquent pas pour raconter les souffrances subies par les tziganes qui ont au cours des siècles enduré le racisme et la xénophobie, mais il serait malhonnête de passer sous silence ceux qui ont été les protecteurs et bienfaiteurs des tziganes.
Des Seigneurs et Barons de Bohême recevaient dans leur domaine des familles entières de tziganes pour les soustraire aux massacres organisés.
Les “ Roms “ ne peuvent oublier qu’en Roumanie, en 1841, après 250 ans de souffrance eut lieu l’abolition de l’esclavage. Les tziganes bénissent les noms des princes Michel Sturdza et Alexandre Gichka qui furent les artisans de leur affranchissement.


UN GENOCIDE SANS PRECEDENT, LA SHOA TZIGANE IGNOREE

Pendant la guerre 1939-1945, avec parfois la complaisance et l’aide des gouvernements et des populations, les rafles successives de milliers de “ Tziganes et Voyageurs “ dans toute l’Europe eurent pour conséquence la déportation et l’extermination de plus de 5 à 700 000 d’entre eux dans les camps de la mort nazis. Les expériences médicales conduites par le Dr. Mengele ont accentués l’horreur et l’humiliation que les tziganes durent subir : stérilisation, mutilation, etc.
Ils ne peuvent oublier Auschwitz, Dachau, Buchenwald, etc. Ce fût un des plus grands ethnocides de notre siècle.
“ Celui qui ne reconnait pas nos morts ne reconnait pas nos vivants, la plus grande des vengeances. “ Citation du discours du 29 mai 1991 à la commission de Bruxelles.
Aujourd’hui les choses n’ont guère changé. Les tziganes subissent régulièrement les agressions, les discriminations, humiliations; rejets et injustices de toutes sortes.
Ils deviennent de plus en plus gênants et indésirables pour les populations et les pouvoirs publics, servant parfois de boucs émissaires pour les xénophobes.
Plusieurs dizaines de milliers de “ Roms “ des pays de l’Est fuient la misère et l’intolérance pour trouver refuge en Europe Occidentale. Mais leur arrivée suscite la crainte et le rejet, ils sont refoulés sans ménagement vers leur pays d’origine qui ne peut faire face à ce problème de retour et place les gouvernements dans une situation conflictuelle.
En ce qui concerne les tziganes, les droits de l’homme sont trop souvent bafoués.
La plupart des Etats d’Europe tente de se débarrasser des tziganes en les expulsant.
En France les autorités de Vichy participèrent largement à l’arrestation et à la déportation des Tziganes.
Les Tsiganes furent, comme les Juifs, interpellés et mis dans des camps.

       



 
  

Les conditions de vie dans les camps Nazis ou Français étaient désastreuses. Nombreux étaient ceux qui mouraient de froid, de malnutrition et du scorbut. La grande majorité d’entre eux furent gazés.
Christian Bernadag dans son livre  « L’holocauste oublié » (édition France empire) apporte des lumières sur cette triste période de l’histoire Tzigane.



ROUMANIE ou l’histoire des souffrances d’un peuple

  1. LA TRISTE PERIODE DE L’ESCLAVAGE
Pour les Tziganes de Roumanie, tout a commencé au XIII ième siècle.
C’est en hommes libres que les Roms arrivèrent en Valachie et en Moldavie. Très rapidement, les Seigneurs Valaques et Moldaves réduisirent les Tziganes à l’esclavage. Des mesures sévères étaient prises par les propriétaires terriens, les princes et les monastères à l’encontre des Roms.
Beaucoup alors cherchèrent à fuir vers l’ouest. D’autres, confrontés à la cruauté, se cachèrent dans les montagnes Carpates.
C’est sous le règne de Rudolf IV (1331-1355) que l’on découvre les premiers récits sur l’esclavagisme tzigane.
Les Roms sont alors enregistrées comme étant la propriété des nobles, du clergé monastique ou des propriétaires terriens.
Mais c’est sous le règne de Basile le Loup (1634-1654) qu’une loi concernant les esclaves tziganes est promulguée. En 1500 le terme roumain « Tsigane » devient synonyme de « Rob » qui veut dire esclave.
A cette période on pouvait classer les esclaves tziganes en différentes catégories : les esclaves des paysans, les esclaves des maisons de maîtres, les esclaves des nobles, les esclaves des monastères et les esclaves de l’église.
Le code pénal de Valachie site les articles suivants :
·         Les Tziganes naissent esclaves
·         Tout enfant né d’une mère Tzigane esclave est esclave
·         Tout propriétaire a le droit de vendre ou de donner ses esclaves
·         Tout tzigane sans propriétaire est la propriété du prince.
·         Les mariages légaux ne peuvent avoir lieu entre les personnes libres et les esclaves.
·         Les mariages entre esclaves ne peuvent avoir lieu sans le consentement du propriétaire.
·         Le prix d’un esclave doit être fixé par le tribunal, selon son âge, sa condition et sa profession.
Les Tziganes sont vendus et achetés à des foires aux esclaves. Au XIX ième siècle, le prix d’un esclave est, en général, d’une pièce d’or par kilo sans égards aux liens familiaux.
« Il n’était pas rare de voir, dans les rues, des êtres humains aux pieds et mains enchaînés, certains portant des anneaux de fer autour du cou, ils étaient fouettés, privés de nourriture, maintenus nus dans la neige ou dans les rivières gelées. On arrachait la femme à son mari, on arrachait les enfants des bras de leurs parents et on les vendait aux quatre coins de la Roumanie » (Citation de Kogalniceanu XIX ième)
Au XIX ième siècle, on pouvait dénombrer plus de 400 000 esclaves tziganes. Certains se révoltaient et formèrent des bandes et se réfugièrent dans les forêts des montagnes de Transylvanie.
Il fallut attendre le 23 décembre 1855 pour que l’esclavage des Tziganes devienne illégal en Moldavie et le 8 février 1856 en Valachie. Mais ce n’est qu’en 1864 que l’esclavage et le servage sont définitivement abolis en Roumanie.
Hélas, encore aujourd’hui,  dans l’esprit de nombreux Roumains les Tziganes sont toujours regardés comme des sous individus. Pour eux « les Tziganes n’ont pas d’âme »
                                                                                                                                                      


                                                  
                                                                                                                                                


  1. LA MARCHE DE LA HONTE
Après cette triste période de l’esclavage tzigane, les souffrances des Roms continuèrent et  dés le début du XXIème siècle  les choses recommencèrent à s’aggraver. Dans les années 1920, la situation économique se détériore en Roumanie. Une atmosphère raciste se développe dans le pays. Des pogroms à l’encontre des Juifs et des Tziganes font leur apparition dans diverses villes.
«  Il faut lutter contre le péril tzigane d’appauvrissement génétique du peuple roumain» (Ion Facaoaru partisan de thèses nazies de Ritter)
En 1941, la Transnistrie était annexée à la Roumanie et cette même année est décidée la stérilisation des femmes tziganes. En mai 1942 Ion Antonescu, chef du gouvernement, ordonne le recensement de la population Rom. 208 700 Tziganes sont enregistrés. Le 1ier juin commence la déportation à pieds des Roms nomades en Transnistrie. Les ordres précisent de ne pas informer les Roms de leur destination.  
 « En une semaine ils étaient 15 000 à arriver. Ils étaient dans un état incroyable de misère,   il y avait beaucoup de vieillards, certain étaient nus » raconte un témoin.
Le 12 septembre 1942 commença la déportation des Tziganes sédentaires.
Ils sont déportés en trains, hommes femmes et enfants. Ils ne sont autorisés à ne prendre qu’un seul bagage à main. Tout le reste est confisqué (maisons, terrains, bétail…) La rafle des Rom sédentaires durera huit jours. Tout cela se fait sans ménagement et avec violence. Seules les familles de ceux qui sont soldats éviteront la déportation.

En Transnistrie les conditions de vie seront désastreuses: famine, froid et typhus font des ravages. Les camps se situent au-delà de la rivière du « Bougo ».
        Ceux qui cherchent à s’évader sont abattus sans pitié. Certains sont complètement nus même l’hiver.
On estime à 35 000 le nombre de Tziganes morts en déportation pendant cette triste période.Si la Roumanie a depuis peu reconnu sa part de responsabilité dans la déportation et la mort de plus de 300 000 Juifs  roumains, elle n’a jamais voulu, jusqu’à ce jour, reconnaître sa responsabilité dans la déportation et la mort des 35 000 Tziganes.

      Le nationaliste Ion Antonescu, chef du gouvernement d’alors, est, encore aujourd’hui pour certains Roumains, un héros national mais il est pour tous les Roms un criminel de guerre qui a sur ses mains le sang du génocide Tzigane. La Roumanie n’a jamais demandé pardon pour ce génocide

   Plus récemment en 1965,  après que Nicolae Ceausescu ait pris le pouvoir, il confisqua tous les biens, les bijoux et objets de valeur des familles Rom. 80% des enfants des « orphelinats mouroirs » étaient des enfants tziganes et on peut évaluer à 50 ou 60% le taux de mortalité dû aux conditions de vie dans ces établissements : minimum de soins et d’attention, épidémies de sida, d’hépatites et de choléra provoqués par un matériel de transfusion non stérilisé.

En Tchéquie et Slovaquie, jusqu'à ce jour, des stérilisations forcées étaient pratiquées par les autorités pour enrayer la démographie Tzigane. Il fallut l’intervention des associations Tziganes Européennes et de plaintes déposées par celles-ci auprès du Conseil Européen pour s’opposer à ce scandale humain.





  1. DEPUIS LA REVOLUTION

Après décembre 1989, qui a vu la chute du dictateur Ceausescu, a commencé une période de racisme et « d’anti-Tsiganisme ». Dès lors, une campagne anti-Rom se manifeste dans toute la Roumanie.
Des pogroms ont lieu :
-          le 24 décembre 1989, à Virghie, deux Tziganes sont assassinés et des maisons sont brûlées,
-          à Turulung, 36 maisons Tziganes sont incendiées le 11 janvier 1990,
-          le 29 janvier 5 maisons sont incendiées à Reghin,
-          quatre Roms sont assassinés et six maisons brûlées à Lunga le 5 janvier,
-          à Adereni en 1993, 4 morts et 14 maisons brûlées,
-          à Sabolciu le 13 mars une quinzaine d’hommes armés de battes de base-ball ont attaqué le quartier tzigane sans raison
-          le 8 mai 2002, 200 supporters de foot ont attaqué un quartier tzigane de Bucarest en criant « les Tziganes, hors de Roumanie »,
-          Les 13 et 15 juin les mineurs arrivés à Bucarest répriment une manifestation anti-Iliescu et se dirigent vers un campement de Tziganes de la banlieue. Le campement est brûlé, les hommes sont battus et des femmes violées sous les yeux de la police indifférente. Les plaintes ne débouchent pas et les auteurs ne seront jamais condamnés.

Violences policières, politique municipale discriminatoires dans le seul but de chasser les Roms de la ville, ségrégation dans les écoles et à l’embauche, discrimination dans l’accès aux soins et aux aides sociales, articles de presse et journal télévisé présentant les Tziganes comme des délinquants. Des slogans affichés régulièrement traduisent la propagande anti-Rom « Mort aux Tziganes » ou « Les Tziganes hors de Roumanie »
On comprend mieux la détresse de ce peuple et les raisons qui les poussent à fuir un pays hostile où le racisme existe encore aux portes de l’Europe.

Il y a entre 3 et 4 millions de Tziganes en Roumanie et ce que nous avons fait jusqu’à ce jour dans le domaine de l’éducation, de la formation, de la protection de l’enfance et de la santé est infime, mais nous gardons l’espoir que les choses peuvent changer et nous continuerons nos efforts pour améliorer les conditions de vie de ce peuple rejeté et méprisé.

       Population tzigane très urbaine, marqués par la pauvreté, vivant souvent en ghettos, avec un travail dur, sale et mal payé et une jeunesse désœuvrée, qui livrée à elle-même, s’enfonce dans une délinquance croissante.
Plusieurs centaines de “ Roms “ des pays de l’Est fuient la misère et l’intolérance pour trouver refuge en Europe Occidentale. Mais leur arrivée suscite la crainte et le rejet, ils sont refoulés sans ménagement vers leur pays d’origine qui ne peut faire face à ce problème de retour et place les gouvernements dans une situation conflictuelle.


                         

    Les seules solutions pour enrayer les émigrations sauvages de ces populations en détresse sont de stabiliser les populations dans leur pays d’origine en faisant stopper le racisme et les discriminations, en leur donnant plein droit à l’éducation et aux emplois et en améliorant leurs conditions de vie et de santé. 

   La situation dans les Balkans n’a rien d’enviable. Déjà avant la seconde guerre mondiale, plus de 10 000 tziganes étaient exterminés par les Oustachis en Croatie. Hélas l’histoire se répète pour ce peuple et tout récemment en 1998, lors de la guerre entre les Serbes et les Albanais du Kosovo, selon les rapports de l’OSCE, plusieurs milliers de Roms Albanais et Serbes vivant depuis de nombreuses années au Kosovo et parfaitement intégrés ont été massacrés dans un génocide ethnique. D’autres sont obligés de fuir et perdent tout ce qu’ils possèdent.

    Les Kosovars, non Tziganes, seront reçus comme déportés politiques sans grand problème par les pays européens, mais les Tziganes seront refoulés systématiquement sans ménagement et mis sans avenir dans des camps du HCR, dans lesquels, pour la plupart d’entre eux, ils croupissent encore à ce jour.

René Zanellato

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