mardi 12 avril 2011

La Commission Européenne adopte une stratégie ferme pour les Roms jusqu’en 2020



La commission européenne a présenté le 5 avril, son plan d’action afin d’inciter les Etats à proposer d’ici la fin 2011 des programmes pour l’intégration des Roms. Très attendu, ce programme suscite des espoirs du côté notamment du sénateur Pierre Hérisson, expert du gouvernement Français auprès du Conseil de l’Europe, mais aussi un relatif septicisme du côté d’associations Roms.

« L’heure est venue d’aller au delà des bonnes intentions et de joindre le geste à la parole. Pour moi, le plus important est que les États membres contribuent aux efforts visant à ce que tous les enfants d'origine rom terminent au moins le cycle de l'enseignement primaire », lance Viviane Reding commissaire Européen pilotant la task force de la Commission ayant élaboré le programme en faveur de l’intégration des Roms adopté le 5 avril. Elle fixe à chacun des Etats membres l’objectif d’une scolarisation en primaire de tous les enfants Roms, de réduire l’écart en matière d’emploi entre les Roms et le reste de la population, de réduire l’accès à la santé et s’attaquer aux inégalités en matière de logement et d’accès aux services publics de l’eau et de l’électricité. La commission demande avec fermeté aux Etats membres de présenter leurs stratégies nationales pour l’intégration des Roms d’ici à la fin 2011. Elle s’engage à contrôler l’efficacité de l’utilisation des financements de l’UE qui pourront être puisés dans les fonds structurels et agricoles pour renforcer des projets ciblant la population Rom afin d’atteindre les objectifs en matière d’éducation, de santé, d’emploi et de logement. Pour conforter sa démarche la Commission met en avant « le potentiel de talents », d’une population jeune (25 ans de moyenne d’âge, contre 40 ans pour l’ensemble des habitants), représentant 10 à 12 millions de personnes.  

Pierre Hérisson : « Ce programme Européen doit favoriser l’intégration des Roms dans les pays d’origine des familles »
Récemment nommé expert du gouvernement Français dans le Comité ad hoc sur les questions Roms (CAHROM), du Conseil de l’Europe, le sénateur Pierre Hérisson se réjouit de l’effort de l’union Européenne. « J’espère que ce programme favorisera l’intégration dans chacun des pays de populations qui n’ont rien de nomades et qui ne doivent pas être poussées à émigrer à cause de discriminations ou de racisme dans leurs pays d’origine », précise le président de la Commission nationale consultative des Gens du voyage. «  En France il nous faut distinguer entre les 15 000 ressortissants étrangers principalement Roumains et Bulgares, que nous devons aider à retrouver une place dans leurs pays d’origine lorsqu’ils sont en situation irrégulière chez nous, et les 400 000 Gens du voyage qui sont des citoyens Français qui ont un mode de vie itinérant qui est légitime dont il faut tenir compte dans le cadre du droit commun », précise l’élu a l’issue de la réunion du CAHROM qui s’est tenue les 30 et 31 mars à Strasbourg. Ce volontarisme de la Commission et de l’expert du gouvernement Français ne rassure pas totalement les associations de Gens du voyage Français qui attendent avec impatience le rapport du sénateur Hérisson sur le statut des Gens du voyage et les titres de circulation. Pour leur part, les associations Roms implantées en France craignent que tous les Etats ne mettent pas en pratique les projets de la commission. Ils constatent en outre qu’en France les expulsions de campements Roms se multiplient dans une grande confusion et sans solutions pour les familles ni sur place, ni dans les pays d’origine.  
Olivier Berthelin, article publié sur le site de la Gazette des Communes


Réaction d’acteurs
Nous n’avons pu joindre encore tous les acteurs. Vous retrouverez leurs points de vus dans les prochains Flash infos tsiganes.

La Voix des Rroms
Des Rroms veulent aider l’Union européenne

Dénonçant « une conception misérabiliste, en grande partie cause de la détérioration de la situation des Rroms un peu partout en Europe », la Voix des Rroms propose de renverser les rôles et d’aider la commission. Réclamant un renforcement de la citoyenneté européenne elle rappelle la proposition faite en 2000 d’un statut cadre des Rroms dans l’Europe.

Document à lire sur le blog des Dépêches tsiganes : statut cadre du peuple Rromani en Union européenne.
Qui sont les Roms
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 FNASAT
« Au final tout dépendra de la volonté de chaque Etat »

« Le volontarisme de la Commission européenne peut être une bonne chose, mais il ne faudrait pas qu’un trop grand ciblage sur les Roms se révèle désastreux en les assimilant à la misère et à l’aide sociale. Beaucoup de Roms et de tsiganes s’en sortent très bien tous seuls lorsqu’ils ne sont pas rejetés par racisme. Dans la plus part des Etats, les problèmes que subissent une partie des Roms sont liés aux difficultés qu’ils rencontrent pour accéder aux services publics et à l’emploi. Il s’agit plus d’une question de volonté politique dans chaque Etat que de financements spécifiquement dédiés à une population plutôt qu’à une autre. De toute façon, le pouvoir de la commission reste  limité vis-à-vis des Etats qui restent décisionnaires. En France, nous constatons avec une certaine inquiétude que les associations Roms et de Gens du voyage n’ont pas été directement consultées pour l’élaboration de cette stratégie »

Propos recueillis par OB

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