samedi 30 avril 2011

Juifs et tsiganes : Partager la mémoire et agir dans le même sens


Juifs et tsiganes : Partager la mémoire et agir dans le même sens

Fin mars dernier, des représentants de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et des organisations tsiganes UFAT, ASNIT,ANGVC,FNASAT, ont vécu pour la première fois ensemble un voyage de recueillement dans les camps de concentration polonais. Au-delà du partage de la mémoire, cette opération s’inscrit dans une démarche de solidarité commune contre les racismes qui ont facilité l’holocauste et restent bien vivant aujourd’hui.


« Mettre fin à la concurrence des mémoires dans un contexte français tendu », ainsi l’Union des étudiants juifs de France UEJF définit le but poursuivit par le voyage sur les sites des camps de la mort qui a réunit du 16 au 20 mars des descendants des victimes de l’holocauste. Ce voyage très œcuménique a rassemblé des participants juifs (UEJF), catholiques (ANGVC), protestants (ASNIT), laïques comme se définissent l’UFAT et la FNASAT, qui est fédération d’associations tournées vers l’action sociale. Au-delà des liens évidents qui unissent les communautés juives et tsiganes, seules catégories de personnes internés ou déportés du simple fait de leur naissance, il s’inscrit dans une perspective d’actualité brulante. « La stigmatisation d’un groupe spécifique a des conséquences néfastes sur le vivre-ensemble en France et, par ricochet, n’est pas bonne pour la communauté juive », déclarait Arielle Schwab, présidente de l’UEJF, lors des récentes polémiques déclenchées par le discours de Grenoble du président de la république au sujet des Roms et des Gens du voyage. Le voyage des mémoires partagées a donc été pensé comme un temps fort dans un long parcours d’actions de solidarité, de colloques, concerts et opérations de sensibilisations (pour en savoir plus : www.uejf.org , www.fnasat.asso.fr , www.ufat.asso.org ). Un film et des conférences à travers tout le pays doivent prolonger l’opération.  Les étudiants insistent sur la nécessité de sortir de l’oubli le génocide des tsiganes qui bien qu’ayant frappé entre 200 et 600 000 personnes à travers l’Europe reste une zone grise de l’histoire. «  Cette démarche associant deux mémoires spécifiques, la mémoire de la Shoah et la mémoire du génocide des Tsiganes, doit mettre l’accent sur la prévention universelle de tous les génocides tout en affirmant la spécificité de chacun », explique le document de présentation rédigé par les organisateurs.


Témoignages de participants   

Laurent El Ghozhi, président de la FNASAT
« Le travail sur la mémoire est indispensable pour aller de l’avant. La reconnaissance des victimes n’est pas contradictoire avec l’affirmation de la dignité. Ce voyage a été très fort sur plan là car tous les participants se considèrent comme des acteurs aujourd’hui et non comme des victimes. Les participants Juifs ont montrés beaucoup d’interrogation sur l’histoire des tsiganes qu’ils découvraient. Les tsiganes ont exprimés le besoin de partager leur révolte et beaucoup de reconnaissance dans le fait d’être écoutés et reconnus. Nous étions dans la dialogue des mémoires. Ce que nous avons vu a Auschwitz  nous a tous poussé à réfléchir sur les problèmes que pose l’instrumentalisation du génocide ».

Francine Jacob : déléguée française au forum européen des Roms, déléguée nationale de l’UFAT)
« Nous devons régler ce passé douloureux pour construire l’avenir.  Il faut aller plus loin qu’une reconnaissance symbolique. Tant que la France n’aura reconnu sa participation à ces crimes, nous aurons du mal à faire confiance et à travailler avec les autorités sur les problèmes d’aujourd’hui. Nos grands parents ont combattus pendant la première guerre mondiale et la France les a remercié en les internant avant même l’arrivée des Nazis. Ce traumatisme reste présent lorsqu’on nous dit que nous devons vivre sur des aires d’accueil fermées qui ne sont pas toujours conçues et gérées avec le même respect des usagers que les équipements destinés a d’autres publics. Nous devons faire passer le message au jeunes, leur expliquer que si nous existons encore, nous le devons à ceux qui ont souffert et résisté. Nous devons prendre le relais des témoins de cette époque et être leurs témoins »

Sacha Zanko : membre du conseil d’administration de l’ANGVC
« Nous avons pris conscience de la gravité de ce génocide et surtout que nous partageons cette histoire avec d’autre. Il n’y a pas eût que des tsiganes ou que des juifs. Les internés de Tréblinka venaient de 17 000 villages différents de toute l’Europe. Nous devons transmettre les émotions que nous avons éprouvées, car le racisme n’est pas mort. Aujourd’hui, il prend de l’ampleur contre les tsiganes, mais il vise aussi d’autres populations ».

Propos recueillis par Olivier Berthelin    

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