lundi 1 novembre 2010

Laurent El Ghozi : panseur des inégalités

Portrait d'acteur 

 

Panseur des inégalités

Par Olivier Berthelin
Gazette des communes :05/04/2010
Chirurgien à l'hôpital de Nanterre, Laurent El Ghozi s'est engagé en politique pour lutter contre les inégalités et les discriminations. Et manie les convictions comme un bistouri.
«Ai-je des hobbies ? » La question étonne Laurent El Ghozi, père de quatre enfants, et que le métier de chirurgien occupe à plein temps. Ses engagements au sein de l'association Elus, santé publique et territoires, dans les instances de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde), dans douze conseils d'administration d'associations œuvrant dans les domaines de la santé et de l'insertion, dans des groupes de réflexion du Parti socialiste. remplissent largement son temps libre. « Il existe une grande différence entre le travail de chirurgien qui applique des techniques médicales et l'action en faveur d'une véritable politique de santé publique. La santé publique vise la prévention. Elle doit tenir compte de multiples facteurs : les transports, l'urbanisme, les revenus, l'emploi, les cultures, la psychologie. et nécessite une concertation avec de nombreux acteurs. »

Tenant de la prévention.

Laurent El Ghozi reconnaît qu'il ne lui a pas été facile de faire évoluer les mentalités des agents des centres de soins municipaux de Nanterre (Hauts-de-Seine) : « Nous sommes passés d'une logique de soins à une démarche de prévention. » Pédagogue et passionné, l'élu développe ses thèses en faisant oublier le temps à ses interlocuteurs. « Il faut intervenir avant que les problèmes ne se posent. Lorsque vous êtes en situation de précarité, les soins dentaires ne sont pas votre priorité. Mais de mauvaises dents vous handicapent dans vos relations humaines et la recherche d'un emploi avec toutes les conséquences qui s'enchaînent. »
Le praticien préférerait que les sommes investies dans les campagnes de publicité soient utilisées dans des actions ciblées selon les particularités de chaque public et de chaque territoire. « Les campagnes nationales creusent les inégalités, car elles ne touchent que les personnes ayant les moyens et le temps de se préoccuper de leur santé », martèle l'urgentiste, habitué, depuis plus de trente ans, aux patients en grande difficulté de l'hôpital de Nanterre. Créé en 1887, le dépôt de mendicité de la préfecture de police est passé, en 1989, sous le giron des Hôpitaux de Paris pour devenir le premier établissement assurant à la fois une mission de soins et d'insertion sociale. A l'époque, le jeune médecin s'est fortement impliqué dans le processus de changement de statut. « Cela m'a conduit au conseil municipal et à la découverte de la gestion politique qui nécessite un long temps d'apprentissage », raconte-t-il.

Nuancé.

En dépit de l'apparente diversité de ces combats contre les inégalités et les discriminations, le conseiller municipal n'a rien d'un touche-à-tout. Aujourd'hui délégué aux relations de la ville et de l'université, il ne cache pas qu'il aurait préféré consacrer ses mandats successifs à la supervision des services de santé municipaux. « Le défi est important, mais il faut du temps pour qu'un élu devienne performant dans un domaine », confie-t-il.
Capable d'affirmer ses convictions avec fermeté, Laurent El Ghozi aime les nuances et refuse les formules toutes faites. Il reconnaît avoir acquis le goût de l'analyse lucide et critique sur le terrain de missions humanitaires effectuées en Afrique et en Asie. « En travaillant pour une ONG, la coopération et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés dans des contextes de guerres, j'ai appris à prendre du recul et à analyser la manière dont nos actions pouvaient être instrumentalisées pour d'autres causes que celles qui nous animent. »
BIO-EXPRESS
1983 : missions au Tchad avec Médecins du monde, puis dans le cadre de la coopération.
1986 : praticien hospitalier au dépôt de mendicité de Nanterre.
1987 : mission en Thaïlande dans les camps de réfugiés khmers avec l'ONU.
1989 : changement de statut de l'hôpital de Nanterre, élu au conseil municipal.
1989 : création de l'association Sida paroles qu'il préside, puis création de l'Asav, association pour les gens du voyage.
2005 : création de l'association Elus, santé publique et territoires.

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